2017-2022 : le projet de réaménagement des jardins du CBN

2017-2022 : le projet de réaménagement des jardins du CBN

Vers un espace de médiation scientifique dédié à la flore sauvage

De 2017 à 2022, grâce aux concours du Fonds européen de développement rural (FEDER), de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du Contrat de Parc avec le Parc naturel régional Livradois-Forez, en complément d’un investissement régulier du Département de la Haute-Loire et d’une part importante d’autofinancement, le Conservatoire a engagé plusieurs projets successifs visant à réaménager et valoriser ses jardins. Près de 300 000 euros TTC ont ainsi été investis sur le site sur la période 2020-2022.

Un projet mené autour de 4 objectifs

Plus explicitement, le projet d’aménagement et de valorisation des jardins du CBN Massif central conduit sur la période 2017-2022, répondait aux quatre objectifs suivants :

OBJECTIF 1 - CONTRIBUER À LA CONSERVATION

...de plantes et de végétations remarquables identifiées dans le cadre des stratégies de connaissance et de conservation mises en œuvre sur le Massif central ; à la reconnaissance de l’action globale du Conservatoire botanique. Les jardins du Conservatoire botanique, au-delà du cadre paysager qu’ils proposent, doivent demeurer des espaces où sont cultivées, à des fins scientifiques et conservatoires, des plantes menacées et en voie de disparition à l’échelle du Massif central issues de campagne de multiplication (banque de semences, opérations de déplacement ou de renforcement de population). Il s’agit alors d’assurer les meilleures conditions de vie pour pérenniser les collections et alimenter les réflexions préalables aux opérations de réintroduction (protocole de culture, influences de l’environnement…).

OBJECTIF 2 - SENSIBILISER le plus large public

...à la diversité floristique du Massif central et ses enjeux patrimoniaux en informant sur l’état de conservation de la flore et des milieux naturels, en particulier des plantes et végétations présentées dans les jardins du CBN mais aussi les habitats emblématiques du territoire (tourbières, vieilles forêts, prairies et autres milieux ouverts herbacés, cultures favorables aux messicoles...). Que ce soit à travers les animations et évènements proposés, les dispositifs signalétiques et les supports imprimés, les jardins doivent encourager les initiatives visant à préserver la flore et des milieux naturels (utiliser les jardins comme lieu d’apprentissage et de relais des comportements respectueux de la flore et des milieux naturels), et inciter les publics à soutenir l’action des Conservatoires botaniques en France.

Les aménagements proposés permettront de comprendre l’état de conservation de la flore et de la végétation du Massif central, analysé par l’exploitation de plusieurs millions d’observations floristiques capitalisées par le CBN.

OBJECTIF 3 - PROPOSER DES ESPACES DE MÉDIATION SCIENTIFIQUE

...diffuser le savoir et les acquis scientifiques du Conservatoire et ses partenaires, à travers les dispositifs pédagogiques mis en place. L’engouement récent et renouvelé pour les sciences du végétal doit inciter à la création d’animations et d’événements permettant au CBN de transmettre ses savoirs et savoir-faire. Les jardins proposeront des supports de qualité dédiés aux actions de sensibilisations, interventions pédagogiques ou formations professionnelles. À terme, les jardins constitueront des espaces particulièrement propices à l’éducation au développement durable et à l’accueil de publics variés : scolaires, universitaires, professionnels, botanistes, amateurs, habitants, touristes...

OBJECTIF 4 - CONTRIBUER AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE et CULTUREL LOCAL

...Sensibiliser sur les atouts culturels, touristiques et économiques liés aux ressources végétales du Massif central apparaît comme un enjeu fort à l’heure où la société peut paraître de plus en plus éloignée des préoccupations environnementales. Le site de Chavaniac-Lafayette où sont implantés le siège et les jardins du CBN constitue à cet égard un véritable laboratoire et un espace démonstratif pour simuler des aménagements paysagers et floraux dédiés aux espaces urbains, tester des itinéraires techniques, la culture de plantes sauvages et locales (label végétal local...), préserver des ressources génétiques fruitières, légumières et céréalières locales, montrer les plantes utiles à l’homme... En outre, l’attractivité et la mise en tourisme du site participeront de fait au développement économique local (hébergement, restauration...) en lien avec les politiques culturelles du Château de Chavaniac. Les jardins constitueront un espace touristique et récréatif supplémentaire au sein du Haut-Allier faisant déjà l’objet d’une bonne attractivité « naturelle ».

Travaux conduits sur la période 2017-2020

Après une étude paysagère conduite par CAP PAYSAGES (Clermont-Ferrand), une première tranche de travaux a été réalisée entre 2017 et 2020. Celle-ci visait à réaménager et enrichir les collections des tertres géologiques. 2 634 plants concernant plus de 230 espèces sauvages produites par les pépinières « Graines de vie » (Creuse), « Brin d’Herbes » (Puy-de-Dôme) et « Osmie » (Loire) ont été implantés par le paysagiste Loïc CAPDEVILLE (Haute-Loire).

En parallèle, à l’instar des préconisations du bureau d’étude, dans la perspective de mettre en valeur le site paysager des jardins du Conservatoire botanique et le patrimoine bâti de la commune, et de souligner les zones de circulation du public, plusieurs édifices en pierres sèches ont été réalisés.

Quatre murs en pierres sèches ont ainsi été installés le long de l’allée cavalière, sur un total de plus de 60 m linéaire, grâce aux travaux conduits par les muraillers Manuel Duveau (Puy-de-Dôme) et François Januel (Haute-Loire).

Travaux conduits sur la période 2021-2022

De 2021 à 2022, un seconde phase de travaux, toujours sous la conduite de CAP PAYSAGES, a été menée par l’entreprise DEAT PAYSAGES visant principalement à restructurer les cheminements et certains espaces paysagers.

Plus de 1300 m de sentiers (non continus) et 330 m2 de platelages ont été réalisés. Les espaces « zones humides », « lande et prairies », « bois et forêts » ainsi que le square ont été intégralement réaménagés. Le square a fait l’objet d’une reprise des pentes et d’un pavage en pierre de granit, en complément des murets en pierres sèches installés en 2018 de manière à identifier davantage l’entrée des jardins. Sur la façade ouest du bâtiment du Conservatoire, 9 espaces ont été aménagés dans la perspective de valoriser la flore agropastorale. Dans la zone boisée, les cheminements paillés en écorces de résineux ont été refaits ainsi qu’un pont en pierres sèches au niveau du ruisseau. Les zones humides ont été intégralement réaménagées afin d’offrir une étendue plus vaste et plus variée de milieux semi-aquatique. Un platelage accessible aux PMR a été installé, accompagné d’une main courante. Des espaces de stationnement pour des groupes ont été créés sur le parcours. L’étanchéité des bassins a été reprise ainsi que les systèmes de gestion des niveaux d’eau (choix des alimentations en eau, surverses, humidification des prairies, création de rigoles, etc).

Dans la continuité du précédent programme d’enrichissement botanique engagé grâce au soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes sur la période 2018-2020, le CBN Massif central a procédé à plusieurs plantations sur les nouveaux espaces créés, en particulier les zones agropastorales, humides et forestières. Dans ce cadre, le CBN Massif central a sollicité la Pépinière Brin d’Herbes et la Pépinière Astrance pour produire plus de 1 800 plants de végétaux d’origines sauvage et locale (sous label Végétal local et/ou AB). Ces plantations sont venues en complément de plusieurs centaines de plants produits par ses propres moyens et issus de graines collectées en milieu sauvage. Ainsi, ce sont plus de 150 espèces qui ont été implantées au cours de l’année 2022.

Compte tenu des contraintes budgétaires (surcoût lié aux aménagements paysagers), certains aménagements pédagogiques ont été revus, supprimés ou remplacés par d’autres installations. La priorité a été donnée au mobilier permettant de rendre la visite plus confortable mais aussi plus complète quant à la médiation scientifique apportée (augmentation du nombre de stations de visites).

Parmi les installations scénographiques conservées, retenons les trois mobiles en fer forgé destinés à expliquer les principes de pollinisation de quelques fleurs ou encore le «miroir» fixé au sol et permettant d’observer la cime des arbres sans lever la tête. Les autres installations initialement prévues feront l’objet d’un prochain programme d’investissement restant à définir.

Douze bancs, construits en grumes de bois fixées au sol, ponctuent les parcours afin d’offrir une visite confortable. Trois tables de pique-nique ont été installées dans le square de manière à inviter le public de passage à découvrir les jardins en partant de ce lieu. De façon générale, les tables et bancs proposées sont volontairement de grandes dimensions afin d’accueillir un maximum de personnes et garantir praticité et convivialité.

En complément de l’étiquetage botanique des collections, 12 stations de visites incluant un total de 33 panneaux sont ainsi proposées à la lecture. Ces panneaux brossent de nombreux thèmes liés à l’activité du CBN Massif central. Ils présentent plus particulièrement la flore et ses enjeux de conservation des différents biotopes observés sur le territoire du Massif central, notamment les milieux agropastoraux, forestiers et humides. Une application web - jardins.cbnmc.fr - développée par le CBN Massif central dans le cadre de ces travaux, permet aujourd’hui une visite interactive du site. Cette application permet aux utilisateurs d’obtenir des informations plus complètes en proposant de choisir parmi 4 parcours thématiques et 3 niveaux d’explication.

Dans la perspective d’inciter le public à préserver la biodiversité, plusieurs petits aménagements favorables à la faune ont été installés à titre démonstratif aux abords des sentiers : 18 nichoirs pour oiseaux, 6 gîtes à chauves-souris et 2 hôtels à insectes, ainsi que plusieurs refuges à reptiles (tas de pierres, murets en pierres sèches) ou à petits mammifères (tas de bois mort). Le réaménagement des mares a également permis le maintien de nombreux amphibiens sur le site jusqu’alors menacés par le manque d’eau.

Fin 2022, le Département de la Haute-Loire a conduit des travaux visant à réaménager l’entrée du CBN en particulier pour faciliter l’accès du bâtiment administratif aux personnes à mobilité réduite.

Aujourd’hui, le Conservatoire botanique travaille au développement de son offre pédagogique et culturelle pour accueillir le public dans les meilleures conditions. En parallèle, les collections botaniques continuent de faire l’objet d’un enrichissement permanent. À long terme, le Conservatoire ambitionne de faire du site un véritable espace de médiation dédié au patrimoine végétal sauvage.

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