Restauration écologique d'un bras mort du Rhône : la flore sauvage de retour sur la lône de Jonage !
Dans le cadre d'une convention de partenariat avec le Syndicat mixte pour l'aménagement et la gestion du Grand Parc de Miribel-Jonage (SYMALIM), le Conservatoire botanique national du Massif central apporte son expertise pour contribuer à la connaissance et à la conservation de la diversité végétale, et valoriser les éléments patrimoniaux tant auprès du public que des agents en charge de la gestion du site. En effet, sur une surface de 2200 ha aux portes de Lyon, le grand parc de Miribel-Jonage, géré par le SYMALIM, héberge une biodiversité remarquable (forêts alluviales, herbiers aquatiques, pelouses sablonneuses méditerranéennes...) dont de très nombreuses espèces rares ou menacées d'extinction...
Dans le cadre de cette convention, le CBN est amené à réaliser des inventaires botaniques et à suivre l'évolution de la végétation de la lône* de Jonage, suite à sa remise en eau. Projet phare de la restauration du Rhône à Miribel Jonage, la lône de Jonage fait l’objet depuis 2019 d’une expérimentation, en vue de sa remise en eau permanente. En effet, consécutivement aux aménagements opérés sur le fleuve au siècle dernier, notamment lorsque les canaux de Miribel et de Jonage ont été créés, l'assèchement de cet ancien bras mort s'est accompagné d'un abaissement de la nappe souterraine menaçant la pérénité des captages d'eau potable, mais aussi de la biodiversité locale. En partenariat avec le CBN et de nombreux autres partenaires**, le SYMALIM a souhaité restaurer ce milieu singulier et lui permettre de retrouver toute sa fonctionnalité.
L’acte 2 de cette expérimentation qui se déroule jusqu’en 2025 vise à identifier une gamme de débits optimale pour récréer des milieux de qualité sans présenter le moindre risque pour la qualité de l’eau potable prélevée dans le captage des Vernes. Un dispositif de contrôle et de suivi renforcé est mis en place, pour apporter des réponses fiables aux interrogations posées par cette seconde expérimentation.
Constitué d’un réseau de quadrats, le suivi assuré par le CBN permettra d'étudier l'intégralité des communautés végétales herbacées aquatiques et rivulaires. À terme, ce travail débouchera sur une cartographie et une première analyse de la répartition des communautés végétales en lien notamment avec les suivis hydromorphologique et hydrologiques réalisés par les prestataires du SYMALIM. Ce travail pourra également être utilisé pour comprendre l’évolution de certaines communautés animales (libellules, poissons, etc.).
En lien avec le Plan national d'actions en faveur des forêts alluviales du Rhône, 16 placettes équipées de sondes électroniques permettront de suivre et d'évaluer le microclimat (température et humidité du sol et de l'air) et de qualifier l’impact positif de la remise en eau de la lône sur la reconnexion des forêts avec la nappe alluviale. Cette action trouve tout son sens à l'heure où ces forêts sont aujourd'hui soumises à un stress hydrique régulier et parfois intense, lié au changement climatique.
Huit mois après la remise en eau de la lône de Jonage, le printemps 2025 marque une nouvelle étape où la nature reprend ses droits, et la biodiversité s'éveille au fil de l'eau retrouvée. Lors d'une visite organisée par SYMALIM, les spécialistes ont déjà pu constater les effets bénéfiques sur la nappe alluviale et la biodiversité. À ce jour, on note le retour d'espèces caractéristiques des eaux de très bonne qualité telles la Groenlandie dense ou de nombreuses characées ! Un signe plutôt positif qui permettrait au SYMALIM - Syndicat mixte de l'île de Miribel Jonage d'envisager une mise en eau définitive et permanente de la lône... C'est en tout cas le message délivré la semaine dernière par les porteurs de cet ambitieux projet de restauration écologique, un an après la remise en eau...
*localement, une "Lône" désigne un ancien bras du fleuve Rhône connecté au chenal courant, de manière permanente ou temporaire.
**Ce projet piloté par SYMALIM en partenariat avec l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, Eau Grand Lyon, l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, EDF et la Métropole de Lyon.
Merci à Wilma Odin-Lumetta de Buro2Presse et au photographe Tim Douet / Garage productions pour leur aimable contribution à cet article.
