La flore du Limousin au peigne fin
Pour comprendre, surveiller et anticiper l’érosion de la biodiversité, mais aussi identifier et préserver les plantes les plus menacées, le Conservatoire botanique national du Massif central mène depuis 10 ans, sur les 57 000 km2 de son territoire d’agrément, un inventaire précis et actualisé de la flore vasculaire. Après avoir passé au peigne fin les départements d’Auvergne et de l’Ouest rhônalpin, c’est sur les trois départements du Limousin (environ 7 000 km2) que vont se pencher les botanistes au cours des trois prochaines années...
En 2001, le Conservatoire régional des espaces naturels du Limousin publiait l’Atlas de la flore vasculaire du Limousin, fruit d’un travail conséquent de recueil de données bibliographiques et d’inventaire mené, durant les années 1990, par des botanistes passionnés. Le vieillissement de ces informations (la moitié sont antérieures à 1990) et l’évolution des activités humaines sur le territoire rendaient nécessaire le lancement d’un vaste chantier d’actualisation : aujourd’hui, 80 % du territoire limousin nécessite d’être à nouveau visité.
Bien évidemment, c’est sur la base de cet héritage floristique et des compétences botaniques essentielles à mobiliser que le Conservatoire botanique du Massif central a souhaité mettre en œuvre l’actualisation de l’inventaire dans un cadre partenarial associant le Conservatoire régional des espaces naturels (CREN) du Limousin et l’Amicale Charles Le Gendre des botanistes limousins (ALBL).
D’un montant de près 380 000 € étalés sur 4 ans, ce travail colossal n'aurait pu être engagé sans le soutien de l’Europe, de l’État, de la DATAR Massif central, de la Région Limousin et du Département de la Creuse.
Ainsi, de 2010 à 2013, une grande partie des 766 mailles de 5 x 5 km qui quadrillent la région seront parcourues par les botanistes du Conservatoire botanique national du Massif central, du CREN Limousin, de l’ALBL et quelques amateurs éclairés. Toute la flore commune, les espèces rares et/ou protégées non revues depuis 1995, et les plantes exotiques envahissantes susceptibles de perturber la flore locale ou la santé des habitants (plantes allergisantes) seront recherchées. Outre cette collecte d’informations
sur le terrain, le Conservatoire exploitera les données contenues dans les herbiers, les manuscrits et la bibliographie ancienne.
Au terme de leur effort, les botanistes espèrent recueillir plus d’un million d’informations floristiques ! Celles-ci permettront aux pouvoirs publics de prendre en compte la flore dans les politiques d’aménagement et d’obtenir une réponse plus pertinente face aux évolutions naturelles et anthropiques de l’environnement en fournissant un cadre étayé à toute action de préservation de la flore rare, menacée ou présentant un fort intérêt patrimonial, ou de lutte contre les espèces envahissantes… Dans trois ans, le Conservatoire botanique national sera également en mesure de dresser un bilan global de l’état de conservation de la flore à l’échelle du Massif central.
Contact presse : stephane.perera@cbnmc.fr
Stéphane PERERA