Les tourbières boisées d’Auvergne
Le CBN Massif central a caractérisé pour la DREAL Auvergne les tourbières boisées de la région et de ses marges. Cet habitat d’intérêt communautaire prioritaire (91D0) demeure très rare et méconnu à l’échelle nationale. Les caractéristiques floristico-écologiques des 6 grands types rencontrés ont été précisées suite à l’analyse de 200 relevés, afin de fournir un outil d’identification sur le terrain et d’éviter les confusions.
Sur certaines tourbières, la dynamique ligneuse soulève de nombreuses questions (naturalité, dynamique, rôle fonctionnel, gestion conservatoire...). Pour y répondre, une réflexion est menée sur la place de l’arbre et des stades boisés dans les écosystèmes tourbeux, alimentée par des prospections de terrain mais aussi par une vaste synthèse bibliographique régionale, nationale et européenne (analyses palynologiques et de macrorestes, écologie et dynamique des tourbières, expérience des gestionnaires…).
Sans les défrichements anciens, une boulaie ou sapinière-boulaie à sphaignes remplacerait la physionomie naturelle actuelle de bon nombre de tourbières plates. En contexte de haut-marais l’évolution vers l’état boisé est en revanche loin d’être obligatoire. La végétation spontanée semblerait davantage constituée d’une mosaïque de milieux boisés et ouverts, voire non boisés sur certaines tourbières bombées. En dehors des plantations et des peuplements consécutifs à des drainages, l’origine du développement des arbres dans les haut-marais demeure méconnue. Qu’ils soient entièrement naturels ou favorisés par l’Homme, sur bas ou haut-marais, ces stades boisés ne sont que rarement des phases de sénescence de la tourbière signant l’arrêt du processus parfois millénaire d’accumulation de la tourbe.
En dehors de plantations ou d’accrus très denses d’origine anthropique, l’état boisé n’est ainsi pas incompatible avec la turfigénèse, ni avec la présence de certains taxons rares et protégés. Sans nier l’intérêt de milieux ouverts concurrencés par la dynamique ligneuse, il conviendrait donc d’étudier davantage les possibilités d’expression de dynamiques naturelles et d’éviter le recours systématique à des interventions conservatoires (coupe, déssouchage, extraction de rémanents...).
B. RENAUX (CBN Massif central)